Approche de l’impuissance en médecine générale

Pr Eric Allaire et Dr Ronald Virag membres du jury de these du docteur Aniis Abasse

Approche de l’impuissance en médecine générale

Approche de l’impuissance en médecine générale:

Le Docteur Aniis ABASSE s’est penché sur le dépistage et la prise en charge des troubles de l’érection en médecine générale dans le cadre de sa thèse de médecine générale.

Les observations du Docteur Aniis ABASSE viennent confirmer les propos des patients reçus en consultation par le Professeur Eric ALLAIRE. La question de la dysfonction erectile est rarement abordée spontanément par le médecin. C’est en général à la demande du patient que le sujet est évoqué. Même si 76% des praticiens cherchent à dépister un trouble de l’érection, ils reconnaissent ne pas interroger systématiquement leurs patients. Seulement moins de 1% abordent invariablement la question.

Impuissance masculine: symptôme sentinelle

Il est difficile pour un homme d’aborder les problèmes sexuels avec un médecin. C’est pourtant indispensable pour soigner les troubles de l’érection en tant que maladie mais également en tant que symptôme. La santé sexuelle fait partie intégrante de notre santé globale. L’impuissance masculine est un symptôme sentinelle.  Elle peut être le signe d’une maladie cardiovasculaire, d’un diabète, d’une maladie neurologique ou hormonale sans oublier les facteurs psychologiques. Le diagnostique doit être fait le plus précocement possible afin d’initier au plus vite un traitement adapté.

 

Impuissance et médecine générale

53% des médecins considèrent qu’ils ont un manque de formation concernant l’étiologie. Ils décrivent également ce manque de formation dans la prise en charge des troubles de l’erection. 28% parlent même d’un manque de compétence sur le sujet. Il ressort de cette enquête que les femmes médecins interrogent plus volontiers leurs patients sur les troubles de l’erection que leurs homologues masculins. Reste à savoir pourquoi cette question est si peu abordée en consultation de médecine générale?

Comment soulever spontanément une question de santé lorsque le praticien n’a pas les outils nécessaires ? Il ne s’agit pas uniquement de l’examen clinique et des traitements à proposer mais également des examens à prescrire. A cela s’ajoute la difficulté à identifier les correspondants vers lesquels orienter le patient par la suite si nécessaire. 78% des médecins généralistes adhéreraient à un dépistage systématique des troubles de l’érection dans le cadre de la prévention cardiovasculaire s’ils disposaient d’un outil simple et efficace.

Les impératifs de temps en médecine générale:

En pratique, le temps dont dispose le praticien pour chaque patient est un élément central. La durée moyenne  d’une consultation est de 15 minutes . En effet, les médecins généralistes ont de lourds impératifs de temps. Aux soins à proprement parler s’ajoutent aujourd’hui l’information, le conseil, l’éducation thérapeutique, le dépistage sans oublier la charge administrative incompressible. La durée de la consultation a un impact majeur sur les soins.

C’est pourquoi les médecins généralistes ont actuellement des difficultés de faisabilité d’un repérage systématique supplémentaire et de mise en oeuvre d’une intervention qui augmenterait considérablement la durée d’une consultation dont le motif est exceptionnellement la dysfonction érectile.

Pour faciliter la prise en charge de la dysfonction erectile il est indispensable de prendre en compte tous ces éléments et de proposer un outil efficace à l’usage des professionnels de santé.

RPIB: Outil d’aide de l’approche de l’impuissance en médecine générale:

Le Professeur Eric ALLAIRE s’est donc inspiré d’un outil de dépistage simple et rapide à l’usage des professionnels de santé sur le modèle du RPIB (Repérage Précoce et Intervention Brève). Le RPIB a été développée en particulier pour les interventions tendant à favoriser l’arrêt du tabac et à réduire la consommation d’alcool mais cet outil peut être adapté à d’autres questions de santé. Il permet ici, en un temps limité, d’évoquer les troubles de l’érection avec un patient.

En quelques mots:

  • Le RPIB s’appui sur un questionnaire simple et court : 5 questions qui permettent d’évaluer les facteurs de risques silencieux
  • Le professionnel restitue immédiatement les résultats du questionnaire
  • En fonction du score obtenu, il informe le patient sur ses risques personnels
  • Il identifie les représentations du patient (sexualité, identité, âge)
  • Il identifie les attentes du patient (prise en charge de la DE, traitement du problème cardiovasculaire)
  • Il change sur l’intérêt personnel du patient tant au niveau de sa santé physique que psychologique.

Pour finir le professionnel de santé informe le patient sur les réponses thérapeutiques existantes. Le but de cet outil simple est d’aider les professionnels à intervenir dans leur pratique courante. L’enjeu est d’informer les professionnels de santé des techniques efficaces et de les inciter à les utiliser dans leur pratique courante.

En bref, une bonne prise en charge des troubles de l’érection en médecine de ville implique que les professionnels de santé de premier recours, se sentent légitimes et qu’ils aient à disposition des outils efficaces, simples d’utilisation et rapides.